Pourquoi le français est souvent remplacé par l’anglais

ID-100230255De plus en plus de formulations françaises, pourtant simples et compréhensibles, se voient bousculées par une vague de termes en anglais.

Cela peut se comprendre lorsqu’il s’agit de nouvelles notions importées et partagées dans le monde entier, particulièrement dans les secteurs des technologies, de la finance, de l’innovation, dans ceux du business et du marketing.

Mais attention : cela peut aussi donner un néologisme ou autre franglais jusqu’à en devenir ridicule… Lire la suite « Pourquoi le français est souvent remplacé par l’anglais »

Numérique ou digital ? Une ambiguïté bien française

file0002120440786Petit rappel de base

DIGITAL en français vient de digitus (doigt). Il s’agit de tout ce qui requiert l’utilisation des doigts. Par extension, cela inclut tous les supports aux contenus dits virtuels auxquels on peut accéder en usant de ses mains : que ce soit par un clavier ou par un écran tactile.

  • À noter qu’en anglais, digital relève des numéros puisque « digit » veut dire chiffre

Là où cela peut prêter à sourire, c’est qu’écrire à la plume, pardon, au stylo – oui, vous savez sur un papier en bois d’arbre… – demande aussi l’utilisation de la main, les doigts bien rassemblés autour de l’outil. Donc logiquement, on peut penser qu’ici, l’approche est tout aussi digitale…

NUMÉRIQUE vient de numerus (nombre) et sous-entend une numérotation.

Quand on dit « numérique », on pense souvent à « en ligne » on pense aussi à électronique, symbolisé par le « e » (voir plus bas).

Digital = numérique (et inversement)

Notez-le une fois pour toute : l’adjectif anglais digital se traduit en français par « numérique ». Les deux termes sont donc SYNONYMES !

Comme le préconise la règle avancée par l’Académie française, le terme francophone à employer est donc bien numérique.

Le problème est que la réalité est tout autre : notamment parce que les termes anglo-saxons envahissent aisément la sphère lexicale dans des domaines aussi divers que la communication, le marketing, l’innovation et bien sûr les technologies : « raconter une histoire pour des supports numériques » est évidemment plus long que de dire digital storytelling

D’autre part, avant 1968, le terme français digital(e) ne se référait pas aux nombres, mais aux doigts ; de plus, il n’a toujours rien à voir avec son faux-ami anglo-saxon !
Le terme anglais digital, quant à lui, s’applique à l’informatique depuis 1945.
Encore un quiproquo qui tend à nourrir la confusion ! (Voir plus bas.)
En savoir plus.

En français, beaucoup de mots possèdent plusieurs définitions. L’idéal serait de les connaître toutes…

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Utilisation

Bref, le terme « digital » est utilisé de plus en plus à toutes les sauces.
Mais en matière informatique, « numérique » convient en français. Il est d’ailleurs utilisé pour des objets concrets, comme par exemple un appareil photo, auquel on attribue le qualificatif « numérique » : boîtier numérique, caméra numérique (les Anglais disent digital camera donc), tableau numérique, tablette numérique (ou tactile).

On prononce parfois uniquement l’adjectif, qui devient alors tout à fait librement un nom commun : « Passe-moi ton numérique » !
(Notons, en passant, que l’on se met à dire également « le digital » comme nom donné au champ qu’il recouvre.)

L’adjectif « numérique » s’emploie également pour d’autres aspects :

  • cantine numérique, école numérique, bibliothèque numérique, comme par exemple la BSN (espaces, lieux scientifique ou culturel) ; on parle également de « territoire numérique ».
  • salon du numérique, assises du numérique, transition numérique (événement, période) ;
  • journal numérique (que l’on peut appeler aussi journal électronique…), d’ailleurs on parle aussi souvent de « document électronique ».

Personnellement, j’aime assez utiliser l’adjectif « électronique » car au moins, il veut dire la même chose en anglais et en français. On voit tout de suite de quoi on parle. Il permet de mettre tout le monde d’accord dans cette ambiguïté purement francophone.

Électronique : le premier terme apparu, avec le e de electronic collé devant, fut sans nul doute le e-mail. On voit souvent passer des e-book, sans parler de e-commerce, de e-boutique, de e-marketing, de e-learning. On a « franglisé » peu à peu, en raccourcissant les termes afin de rester au plus proche de ce qui se dit dans le monde (donc en anglais).
Et puis le « e » devant un terme est vraiment un symbole international que tout le monde identifie tout de suite comme relatif à ce qui est virtuel, c’est-à-dire en ligne. Aujourd’hui, le trait d’union tend à disparaître et c’est de plus en plus souvent que l’on peut lire : ebook, email, epub, etc.

Le français entretien la confusion

Exemple : dans son titre de référencement nancy numérique se définit comme un « cluster de l’économie digitale« .

Alors que la cantine numérique de Toulouse, « La Mêlée », se définit comme « association fédératrice des acteurs de l’économie numérique

Il existe ainsi des centaines d’exemples. Tantôt certains acteurs utilisent l’adjectif « digital(e) » quand d’autres utilisent « numérique ». En France, on a tendance à utiliser tour à tour l’un ou l’autre de ces termes pour dire la même chose, puisque ce sont des synonymes.

Et quand on hésite ? Libération précise les deux dans un titre !!

La confusion est constamment entretenue entre ces deux termes, d’autant plus qu’un troisième « sens » intervient pour parler de cette notion de manière plus générale…

Digital au sens large

En effet, le terme digital est aujourd’hui beaucoup plus souvent employé au sens large pour parler de tout ce qui suppose se rapporter aux technologies numériques (aux supports, aux réseaux), mais aussi aux services et autres notions professionnelles relatives à une utilisation de la sphère numérique.

Cela vient essentiellement du fait que le jargon utilisé dans certaines disciplines, garde les termes anglais. Le vocabulaire anglo-saxon s’installe et s’étend dans tous les pays de fait.

Ainsi : digital content (pour contenu numérique), digital 2.0, digital storytelling, digital media, digital branding, digital native, etc. Mais au lieu de traduire par exemple digital marketing en marketing numérique, les professionnels ont pris l’habitude de dire « marketing digital ».

« Digital » devient une norme. Et du coup, on se met à franciser : communication digitale, foyer digital… Ce qui est risqué et faux au niveau du sens (si l’on s’en tient aux définitions de base). Par exemple, il est plus logique de dire technologies numériques que technologies digitales.

De même, « empreinte digitale » (empreinte des doigts…) n’a rien à voir avec la formule « empreinte numérique » qui n’a pas vraiment de sens.

Pourtant, il faut se rendre à l’évidence que « contenu numérique » est un peu malheureux à l’oreille avec cette double syllabe « nu ».

Du coup, comme « contenu digital » n’est pas juste, on a tendance à garder la version anglaise digital content (qui elle, est juste). Vous suivez ?

Pour les francophones, « numérique » est logiquement la réponse au titre de ce billet !
Alors, digital ou numérique ? Les deux mon Général, à condition de savoir les utiliser correctement, dans le bon contexte.
Si les Français étaient bilingues anglais (rêvons un peu), l’ambiguïté serait plus facile à lever car ils pourraient mieux comprendre la différence linguistique.


Une chose est sûre : en France, on aime bien se compliquer la vie. De quoi en perdre son latin !
Surtout quand on se pose d’autres questions pertinentes comme FrenchWeb l’a fait dernièrement avec cet article « Où est le digital dans la transformation digitale ?« .


Et « Tactile » ?

Un support tactile est un support qui réagit quand on le touche :  toute chose vivante, par définition, est tactile. Mais sur le plan technologique, l’informatique propose depuis pas mal d’années maintenant des écrans tactiles : un écran qui peut prendre différentes formes (tablette, smartphone, montre, borne, tv, plateau table…) et qui réagit lorsqu’on le touche. Créant une interactivité, sans fil, sans clavier.

GOODY

Langage oral : des tics en rafale

0007644534Q-849x565Si vous avez une écoute attentive, il ne vous aura pas échappé que chacun d’entre nous peut présenter un tic de langage… (y compris votre serviteur). Il y a ceux qui débutent presque toutes leurs phrases par « c’est vrai que », ceux qui placent un très agaçant « effectivement » ou « absolument » à tout bout de champ, ceux qui ont toujours besoin de commencer par « écoutez », etc. De quoi vous faire dresser l’oreille !

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Et vous, quel est votre tic de langage ?

Lire la suite « Langage oral : des tics en rafale »

Bien écrire : j’ai retrouvé un trésor !

FrançaisLe week-end dernier, je terminais de faire le tri dans mes livres (oui, vous savez, ces supports en papier…), qui dormaient encore dans un dernier carton, après mon déménagement.
C’est ainsi que je mis le nez sur ce que je considère maintenant comme un véritable trésor…

Il s’agit d’un bouquin de poche intitulé « Guide de Langue française », commis par un certain René Georgin et publié en 1969 (édition de 1952 augmentée).

Pour un concepteur-rédacteur qui passe son temps à écrire dans sa langue natale (en l’occurrence, le français), une langue à la grammaire pour le moins complexe, le fait de trouver un document à la fois simple, complet et compréhensible, c’est comme tomber sur une pépite !

Au dos de ce petit livre qui sent bon le vieux, un texte résume très bien le trésor, dorénavant placé en tête de gondole dans ma bibliothèque professionnelle :

« Clair, vivant, pratique, (ce guide) est indispensable au grand public comme aux étudiants et aux professeurs. Ce livre permet de résoudre facilement tous les problèmes de langue que l’on rencontre chaque jour, du plus simple au plus compliqué. »

Je confirme que je n’ai pas été déçue. À côté, le Bescherelle ressemble à des mathématiques !
Mais alors, je pose la question : pourquoi diable l’Éducation nationale et les éditeurs actuels ne reprennent-ils pas tout simplement ces publications, au lieu de se lancer dans de nouvelles productions aux explications souvent aussi obscures que les propos de Chewbacca dont la langue est le wookie ? D’autant que les règles de grammaire ont très peu évolué.

Ce qui semble avoir évolué est donc davantage la manière de les transmettre : les derniers ouvrages sur le sujet demandent en effet souvent de s’armer d’un autre dictionnaire…

Avec ce petit bouquin d’un grand expert (paix à son âme), les enfants n’auraient plus besoin de s’arracher les cheveux.

Bien sûr, l’ouvrage est rédigé comme un livre, de manière linéaire et il n’y a pas d’images ; bien sûr, vous ne trouverez rien concernant le SEO dans ces pages.

Mais si l’on souhaite écrire, que ce soit pour le Web ou le print, la moindre des choses est de bien connaître sa langue à la base. Or, ce trésor retrouvé est déconcertant de facilité et de limpidité dans ses explications !

L’information est rapide à trouver grâce à un sommaire et à un index alphabétique en fin d’ouvrage. Pour chaque problématique, les paragraphes sont courts et écrits de manière extrêmement simple.

Conclusion : ce n’est pas parce que c’est ancien que c’est obsolète et moins bien.

Dédicace : aujourd’hui, j’ai donc envie de sortir des oubliettes et de saluer M. Georgin, grammairien de haut niveau et néanmoins directeur de l’enseignement secondaire. Les ministres étaient cultivés et s’exprimaient très bien à l’époque… Comme tous ces gens passionnés, dont Alain Rey par exemple, qui vous transmettraient (presque) leur amour pour la grammaire.

Pour information : apparemment, ce petit livre de poche est encore trouvable à moins de 3 € sur des plateformes comme e-bay, priceminister ou encore livreenpoche. Alors n’hésitez pas !

Mots, sigles, visuels, notre bain quotidien

Tous les jours, que dis-je, chaque seconde, nos yeux sont sollicités. Nous « voyons » et surtout nous déchiffrons. On n’y pense plus, mais notre quotidien est cerné d’écriture, que ce soit sous forme de mot, de dessin, de sigle, bref, de visuels… Nous baignons dans les signes.

Langage croate datant de l'an 1100.
Langage croate datant de l’an 1100.

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Nous sommes entourés de visuels

Imaginez : dès le matin, vous ouvrez un œil, puis deux, et la première chose que vous voyez ce sont les couleurs puis dans la centième de seconde les formes qui portent les couleurs en question (votre commode, votre store, votre tapis, votre poster sur le mur…). Vous voilà rassuré(e), vous êtes bien dans le cocon de votre chambre.

Ensuite très vite, vous avez faim, alors direction la cuisine pour un petit-déjeuner peut-être : là, machinalement, vous attrapez la brique de lait, le paquet de café, de chocolat, de thé ou de céréales, selon vos habitudes. Ces paquets ont certes un design, une couleur que vous reconnaissez, avec le plus souvent un logo qui vous est familier.

Tous ces éléments vous font comprendre et vous assurent que c’est bien le bon produit dont votre main se saisit… Nous sommes là dans du visuel, même si sur les paquets en question sont imprimés avec un titre, une marque, une formule, une étiquette, voire une recette (de la com écrite donc).

Maintenant, imaginez que votre frigo renferme deux jus de fruits quasi-identiques : certes, vous allez d’abord chercher la différence de dessin qui montre les fruits. Mais inconsciemment, comme pour vous en assurer complètement, votre regard balayant les bouteilles se posera aussi sur l’écrit : « pamplemousse » ou « pommes », histoire encore une fois d’être tout à faire sûr(e). Tout ceci de manière à la fois automatique, quasi-instantanée et inconsciente.

Une fois prêt(e), vous sortez pour vous rendre soit au bureau, à l’école, ou dans un magasin, chez un ami, bref à vos occupations obligataires ou choisies. Sur le chemin, en voiture, à vélo, en transport en commun, votre regard va nécessairement, à un moment ou à un autre, se poser sur un support qui attire l’œil, une pollution visuelle (le plus souvent une grande affiche publicitaire 4×4).

Et pour peu que vous soyez arrêté(e) à un feu, vous allez même peut-être lire l’information qui ressort de cette publicité. Un slogan court que votre cerveau va happer dès le matin. Encore et toujours de la communication…

Des visuels à l’intérieur comme à l’extérieur

Et ne parlons pas des panneaux de signalisation (qui portent bien leur nom donc) : vous vous rendez dans un lieu pour la première fois, les panneaux vont vous indiquer si vous êtes dans la bonne direction (car non, le GPS ne fait pas tout). Et même arrivé(e) à destination grâce uniquement au GPS ou à votre smartphone, il vous viendra le besoin de vérifier sur place.

Votre recherche va donc solliciter une fois de plus vos yeux pour chercher de l’information, comme par exemple une affichette indiquant l’étage où se tient la réunion, ou tout simplement le nom de la salle indiqué sur la porte… Tout ceci n’a l’air de rien et va très vite.

Tout ce que je viens de décrire, on le fait machinalement. Ce que je veux dire, c’est que l’on a tout le temps besoin de communication.
drapeau plage #1

Même de simples visuels en couleur peuvent servir d’indication. Par exemple, en été, dès votre arrivée sur votre plage préférée, vous jetez un œil sur le drapeau : Orange ? je fais attention… Vert ? youpi, je peux me baigner !

De même, vous êtes en train de faire la course pour montrer votre magnifique crawl ; mais soudain, les sauveteurs de la plage brandissent leur porte-voix pour signaler aux baigneurs qu’il est préférable de sortir de l’eau, un énorme banc de méduses ayant été repéré à proximité. Vous avez décodé ce son et l’avez compris en tant que message préconisant de faire demi-tour. Langage = communication = Information. Encore faut-il partager la même langue…

En symbiose avec les symboles

Les signes sont d’abord des visuels !

La colonisation de votre main par le smartphone est venue amplifier le phénomène – vous déconcentrant par une focalisation (mais ceci est un autre sujet) – et le balayage de votre regard a cette fois pour but la recherche d’info à tout prix : mails, tweets, blog, actu, SMS, appli, météo… du visuel et encore beaucoup d’écrit. Un mot, une lettre ou un signe reconnaissable dans le petit carré qui sert de logo à une application, suffit pour vous renseigner, vous guider…

Je souhaitais simplement rappeler que l’écriture est partout. Le langage régit notre vie et nous ne nous en apercevons même plus. Pourtant cela reste extraordinaire ! Oui, un langage est une merveille. C’est un code qui permet à celui qui le connaît, de s’informer, d’échanger, de s’exprimer, de se déplacer, de se cultiver, de vivre en société.

Alors que le mois d’août se prélasse dans une parenthèse propice à l’oubli, J’avais envie de remettre à l’honneur cet « outil », servi par les mots, ces mêmes mots qui m’ont permis d’écrire ce billet et à vous, de le lire…

Langage : origine, utilité, évolution :