Maîtriser l’impact d’une rédaction

Handwritten ABC on blackboardDepuis toujours, on voit passer des mails truffés de fautes. Il n’est donc pas étonnant de lire ce billet « Fautes d’orthographe, la plaie des entreprises« .

Je suis toutefois sidérée des conséquences en termes de coût. Il y est dit aussi qu’outre les fautes d’orthographe et de grammaire, « c‘est l’usage du bon mot qui peut poser problème ».

Cela donne à réfléchir et pose encore une fois la question de l’impact d’une rédaction, quel que soit le message. Car la façon de dire les choses peut en effet être préjudiciable quand elle est source de quiproquos.

 

L’utilisation du mot juste, par le sens qu’il véhicule dans un contexte spécifique, est un acte subtil et délicat. Oui, la langue française est difficile parce que complexe. Elle regorge en effet de définitions différentes pour un même mot, ou bien, inversement, plusieurs mots peuvent signifier la même chose.

Néanmoins, parmi deux ou trois synonymes, il y en aura toujours un qui sera le plus adéquat dans le contexte d’un message à rédiger. C’est toute la subtilité (et la difficulté) de la maîtrise du français.

Par ailleurs, deux personnes peuvent ressentir différemment le sens d’un mot. Sur le plan professionnel, un cadre qui aura beaucoup lu dans sa vie aura plus de facilité et d’aisance à échanger à l’écrit sans risquer de nuire à l’image de son entreprise.

Se mettre à la place du lecteur

Le problème est de savoir comment l’autre va l’interpréter. C’est d’ailleurs la grande différence entre l’écrit et l’oral : une fois son mail envoyé, pas de possibilité de revenir en arrière, pas de gestuelle, pas de ton, pas de possibilité d’explication directe.

Ce type d’échange par e-mail est toujours un risque. Il faut savoir se relire et remettre en question sa prose, qui plus est dans un contexte d’affaires. Qui ne s’est jamais mordu les doigts après l’envoi d’un message ? Et ne parlons pas des coquilles malencontreuses (voir mon billet sur les coquilles).

Une communication écrite n’est pas anodine. Il s’agit d’avoir du style et de parvenir à dire de manière courte exactement ce que l’on voudrait que notre interlocuteur comprenne.

La façon de s’exprimer par écrit n’est pas forcément donnée à tout le monde. La première des choses à faire étant de se mettre à la place de son futur lecteur, de se relire à haute voix, de se demander ce que les mots employés veulent dire exactement et s’ils correspondent au message que l’on veut faire passer, dans un contexte précis.

Clarté = Compréhension

La syntaxe (comment c’est dit) peut avoir une incidence sur la sémantique (ce que cela signifie). Mais les auteurs de e-mails font rarement le lien ou bien oublient de le faire. Il y a pourtant une approche simple qui consiste à être le plus clair possible, quitte à répéter certains points qui pourraient échapper au lecteur, lui répéter des choses pour être sûr d’être sur la même longueur d’ondes. Le tout avec finesse évidemment, afin de ne pas le vexer. Car, très souvent, le lecteur pense avoir compris. Beaucoup lisent en diagonale, balaient simplement les mots comme des mots-clés, sans lire véritablement toutes les phrases.

Mais lorsque, ultérieurement, une incompréhension se révèle, il est parfois trop tard. Un seul mot, parfois même une seule virgule, suffit à compromettre un message.

Par exemple, je vois relativement souvent passer l’oubli du trait d’union dans l’adverbe « peut-être » ce qui transforme donc l’expression en « peut être », verbe « être » précédé du verbe « pouvoir » conjugué. Or la différence, apparemment infime, peut engendrer un contresens. C’est tous les jours que je constate ici ou là une syntaxe malmenée, dans les articles en ligne notamment.

Concernant les entreprises, il est évident qu’elles devraient être plus vigilantes. Le fait est établi aujourd’hui que même si l’on communique au départ avec un même code de langage, on ne donne visiblement pas tous le même sens aux mots…

Ceci pour différentes raisons : manque de culture, de vocabulaire, différence de vocable selon les métiers, habitudes, maîtrise de la langue défaillante à l’écrit, mais aussi pression du temps qui fait que l’on agit très vite sans prendre le temps justement de rédiger correctement, ni de se relire.

Anecdote qui en dit long

Il y a plus de vingt ans, par simple curiosité, je m’étais employée à demander à des dircom de grosses sociétés (rencontrés principalement à Paris), leur définition de la communication. 

Ma surprise fut grande : non seulement aucun d’entre eux n’avait la même et n’utilisait les mêmes mots, mais aucun d’eux n’avait la « bonne », du moins celle se rapprochant le plus d’une définition simple que l’on peut trouver dans un dictionnaire.

Le résultat de ce petit sondage personnel, dans les années 90, apparaissait donc à la fois surprenant et accablant, mais expliquant assez bien finalement la confusion régnante. Et la difficulté justement de… communiquer en se faisant comprendre.

« La langue française est une conquête » (Albert Camus)

J’en arrive au récent article d’Olivier Cimelière sur son blog du communicant 2.0 présentant le livre de Jeanne Bordeau sur le langage en entreprise, laquelle déclare notamment : « La qualité, c’est savoir caractériser son discours, écrire avec une langue fidèle à son projet, à ses convictions, à ses collaborateurs. De grandes méprises existent à ce sujet. »

Effectivement, le fond d’un discours servi par l’emploi récurrent d’une novlangue propre à un secteur d’activité, peut éloigner de toute forme de personnalité et, plus grave, du sens et donc de la compréhension – sans parler des termes anglais jetés ici ou là, dont la définition peut davantage encore échapper à certains.

Or, je le répète souvent : la forme fait passer le fond !

Pour conclure, j’ai envie de citer l’extrait d’un discours d’Hélène CARRÈRE d’ENCAUSSE de l’Académie française : « (…) Enfin, les mots employés perdent souvent tout lien avec leur sens réel. En définitive, chacun tend à considérer qu’il peut user de la langue à sa manière. La conséquence en est qu’à l’instar de la situation d’incompréhension qui prévalait au temps de Racine, la communication est malaisée dans la France d’aujourd’hui. »

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