ChatGPT ou comment j’ai pété plus bas que mon c…

Depuis sa sortie, l’application ChatGPT a fait un peu de buzz. J’ai voulu à mon tour péter plus haut que mon derrière. Mais c’est l’inverse qui s’est produit.

J’ai donc (enfin) testé cet outil en mode gratuit, c’est-à-dire avec 10 requêtes possible. Entre parenthèses, poser une question pour avoir une réponse ne relève pas vraiment d’une « conversation ».
NB : à ce jour, l’appli de OpenAI est utilisable et pour le moment gratuite en passant par le moteur de recherche Bing.

Voici trois questions simples qui portent sur mes sujets de prédilection, à savoir la poésie sur le plan personnel et mon activité sur le plan professionnel. Plus une question subsidiaire.

Test numéro 1

J’ai donc tapé une première requête, et voici la réponse :

Aucune surprise, les cerisiers en fleurs du Japon sont un sujet récurrent dans la création de haïkus. Rien d’original. Danse (le nom) dans la brise légère : une action qui ne mange pas de pain. Contexte : un printemps fleuri. Pas de quoi fouetter un chat (sans jeu de mots), fut-il japonais. En même temps, je ne m’attendais pas à quelque chose de transcendant. Il a fait son job, sans se fouler tel un robot programmé pour ça. Le disciple de Bashō n’est pas encore né. Mais après tout, c’est normal (et fort heureux), cette machine pond quelque chose avec ses algorithmes de manière automatique. L’émotion est absente, or c’est ce qui nourrit la création artistique, tout comme le vécu, la sensibilité, bref, tout ce dont un bot est exempt. Il manquera toujours le « vibratoire », le vivant, la dimension humaine tout simplement, qui permet d’aller plus loin, plus en profondeur (ou en hauteur), un acte créatif qui permet de toucher l’émotion de l’autre, et qui ne s’explique pas. (De même pour les images/photos issues d’AI qui sont froides comme le marbre. Ça se voit tellement).

Vous avez remarqué ? Lorsque je cite la réponse de ChatGPT, je ne mets pas de guillemets. J’ai hésité. Est-ce une citation ? La question peut se poser.
Des guillemets s’utilisent quand on cite un auteur… quelqu’un (un humain) qui a réfléchi, qui a pensé sa phrase. C’est vraiment le point important ici et ce qui fait, à mon avis, toute la différence.

Test numéro 2

Deuxième requête, directement en rapport avec mon précédent article.

Dans cette réponse, nous avons un vocabulaire répétitif, pauvre.

J’ai relevé deux coquilles :
– il manque un accent grave sur le deuxième « e » dans le mot réèlle (ligne 3) ;
– pertinent s’écrit au masculin (sujet : contenu) (dernière ligne).

Test numéro 3

Dans cette réponse, nous avons un vocabulaire une fois de plus sans relief. Un texte à la forme peu recherchée, à la syntaxe parfois limite. Bref une réponse qui n’apporte pas grand-chose, également sur le fond, puisque nous avons affaire à une définition courte, que nous pourrions trouver dans n’importe quel dictionnaire.

Mais la phrase-clé qui souligne bien la froideur de l’échange est la première du texte : En tant qu’IA, je n’ai pas de sensibilité ou d’émotions.
Or c’est bien ce qui empêche à mon avis de prétendre avoir une « conversation ».

Cet aveu sans surprise venant d’une machine démontre, de fait, que toute production automatique – qui, par essence, n’est portée par aucun mécanisme de pensée –, ne peut s’immiscer dans un échange de haut niveau intellectuel et ne peut jouer sur aucune nuance. Quant aux jeux de mots, circulez il n’y a rien à voir. Un bot n’a pas d’humour.

Ma petite réflexion

En tant que web rédacteur, on pourrait avoir le moral dans les chaussettes et craindre pour son métier avec l’arrivée de telles « capacités » informatiques.

Néanmoins, à y regarder de plus près – j’ai testé plusieurs fois –, nous avons affaire à du brut de brut, à du basique, à des contenus formulés de manière académique, sans style (sans âme). Au niveau de la forme, ils se ressemblent tous. Mais au fond, cette monotonie est assez logique pour des algorithmes… Pour l’instant, en tout cas.

Certes, cette application IA est plutôt efficace, mais elle ne peut pas, à mon avis, être une fin en soi. De plus, un lecteur aguerri pourra déceler un contenu made in IA par rapport à un contenu écrit par un auteur en chair et en os ; un contenu produit de manière automatique par rapport à un contenu créé par une personne sensible.

Un résumé de cet outil par l’excellent site Developpez.com :
https://intelligence-artificielle.developpez.com/actu/342565/Comment-utilisez-vous-ChatGPT-L-outil-d-IA-developpe-par-OpenAI-desormais-il-est-base-sur-GPT-4-et-disponible-pour-les-abonnes-a-ChatGPTplus/

Je ne nie pas l’avancée technologique, laquelle peut sûrement rendre des services. Néanmoins, cet outil a (encore) des limites, notamment au niveau de sa base de connaissances, et pas que. Ses réponses sont parfois approximatives ou incomplètes, biaisées, voire fausses. Il s’agit de rester prudent dans son utilisation.

Conclusion : un robot, même conversationnel, reste un robot. Froid et sans avis. On le savait déjà, et j’ai envie de dire ouf !

De plus : https://www.blogdumoderateur.com/limites-chatgpt-inconvenients/

Quant à lui poser des questions, on peut très bien poser les mêmes dans un moteur de recherche et avoir le plaisir de dénicher moultes documentation et information sur un sujet précis, lire des exemples, des avis, découvrir des personnes réèlles avec qui échanger. La vie quoi.

Droits d’auteur ou cogito ergo sum

Cela dit, il reste la question, préocuppante s’il en est, de la légitimité de la création. Le droit d’auteur – encore à peu près sacré en France – et ses textes de lois, permettent de rassurer puisqu’ils se réfèrent à une œuvre de l’esprit.

— Toc, toc ! ChatGPT ou n’importe quelle AI au demeurant, ESPRIT es-tu là ?
— Je suis un algorithme qui recrache des données ou un texte en fonction de sa programmation ; je ne pense pas par moi-même, je n’ai ni sentiment, ni émotion, ni esprit.

Farfouillant le web à ce sujet, j’ai trouvé rapidement la réponse, grâce à un article des avocates Nina Thiery et Sandra Strittmatter :
https://www.franklin-paris.com/actualites/chatgpt-enjeux-propriete-intellectuelle
Voilà qui est réglé… pour l’instant.

La création d’images fait partie de la même question. D’ailleurs un exemple récent est venu attiser le débat : https://www.numerama.com/tech/1264338-une-ia-gagne-un-concours-de-photos-avec-une-photo-nulle.html

Et ici, Numerama pose la question relative à l’Art : https://www.numerama.com/tech/1221908-les-ia-generent-des-images-mais-pas-de-lart.html

Un texte, numérique ou imprimé, peut être issu de l’intelligence artificielle, mais alors à « l’auteur » du site ou du support papier d’avoir suffisamment d’honnêteté intellectuelle pour le reconnaître et citer la source de « son » contenu. « Avec l’aide de… » ou « Partiellement rédigé par… ».

Beaucoup de sites web, notamment de e-commerce, en font usage. On peut d’ailleurs en déceler certains, car en copiant-collant leur texte depuis le logiciel ChatGPT, le bouton « Regenerate response » est parfois collé avec (par oubli, inattention ou ignorance). Tapez dans Google la requête exacte suivante « regenerate response » site.fr et oh ! surprise.

Par ailleurs, comme de bien entendu, dans nos sociétés, certains n’ont aucun scrupule. Et pourquoi se priver ? :
https://www.clubic.com/chatgpt/actualite-458292-oui-chatgpt-est-deja-l-auteur-ou-le-co-auteur-de-nombreux-livres-sur-le-kindle-store.html

La notion « d’authentique » va bientôt devenir synonyme « d’humain »…

Après, chacun voit midi à sa porte, comme par exemple les étudiants qui se sont rués dessus évidemment :

Malhonnêteté ? Fainéantise ? Triche ? Fraude ? La technologie à l’épreuve de sa propre conscience…

Concernant mon blog : vous n’y trouverez jamais d’articles fabriqués par ChatGPT ou autre logiciel IA. D’ailleurs, je pourrais songer à l’estampiller d’un « AI-FREE », ou bien « Garanti sans AI » comme on dit « sans OGM »…

Lire mon autre expérience ici

[Photo : Gobi.]
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4 commentaires sur “ChatGPT ou comment j’ai pété plus bas que mon c…

  1. Scribelle écrit :

    « La Writers Guild of America, un syndicat des scénaristes américains, autorise l’utilisation de l’IA pour l’écriture des scénarios » :
    https://intelligence-artificielle.developpez.com/actu/343051/La-Writers-Guild-of-America-un-syndicat-des-scenaristes-americains-autorise-l-utilisation-de-l-IA-pour-l-ecriture-des-scenarios-a-condition-que-les-scenaristes-restent-credites-comme-auteur/
    Un outil n’est donc pas un auteur…
    MDR : lire aussi les commentaires, qui sont souvent drôles et/ou pertinents.

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