Pourquoi les éléments de langage sont improductifs

Ils ne fonctionnent pas. Ils ne fonctionnent plus… De quoi s’agit-il ? Des éléments de langage qui habillent la parole politique ; ces mots, ces formules que vont répéter quelques personnes enfermées dans une idéologie, quelle qu’elle soit, qui souhaitent gérer une crise ou  simplement répondre à une question, en proposant un message construit sur mesure. Que l’information soit vraie ou non…

perrots

Pourquoi les éléments de langage deviennent improductifs ?

Parce qu’il y en a trop, qu’ils sont trop souvent utilisés et par trop de monde. Des formulations en boucle supportées par nos oreilles finissent par engendrer une contre-productivité, dont le résultat se manifeste – chez les individus à qui s’adressent ces messages – soit par une forme de rejet, de dérision ou d’indifférence, de défiance, de doute, de provocation ou de ras-le-bol.

Dans tous les cas, cela peut être perçu comme du mépris et ce n’est jamais bon, particulièrement pour la démocratie.

Le discours est tellement voulu, léché, si peu original et surtout tellement répétitif. Bien sûr, des idées communes demandent d’être sur la même longueur d’ondes au niveau du message et nous sommes d’accord qu’une communication doit avoir préparé un axe cohérent, partagé de concert par tous les membres d’un même mouvement. Mais de là à utiliser le marteau issu du même moule, sans aspérités, sans originalité, et surtout sans authenticité…

Si le but initial est de convaincre, en martelant les mêmes mots comme des robots, on finit par obtenir l’opposé. En effet, à force d’entendre exactement la même forme, construite et préparée pour être diffusée à la virgule près, on ne peut que s’éloigner du naturel. Or, être naturel, être soi-même, reste la meilleure manière d’être apprécié à sa juste valeur.

J’ai envie de comparer ces éléments de langage aux fruits et légumes « traités », rangés comme des petits soldats dans les casiers des supermarchés… Toutes ces denrées se ressemblent ; elles sont bien calibrées. Le problème est qu’au final, non seulement, elles n’ont aucun goût mais elles peuvent être nuisibles (merci les pesticides).

Certes, comparaison n’est pas raison, mais je n’ai pas trouvé d’autre métaphore.

Quand la répétition de mots-clés prend des allures de spam 

Beaucoup de domaines ont leur jargon, leur novlangue (que dire de l’économie par exemple). Mais la politique est une sphère particulièrement aliénée depuis des décennies par les « conseillers en communication » pour qui l’utilisation des éléments de langage est devenue systématique – sous couvert d’être pédagogiques, tout en faisant passer l’info que l’on veut.

Le problème est que cela est devenu un tel réflexe que le récepteur ne peut plus croire au message lui-même. D’autant qu’avec du recul et une observation simple, force est de constater le gap entre lesdits discours en kit et les faits réels, les actions menées « sur le terrain », voire les éventuels changements (positifs bien entendu).

Vous allez me dire qu’il est nécessaire d’avoir une cohésion, qu’il est par conséquent logique de valider un « discours » repris par tous les membres d’un même groupe, d’un même mouvement. (Cf. plus haut.)

Certes, mais n’oublions pas que l’énonciation, la façon de dire un message, possède l’extraordinaire caractéristique de pouvoir varier. C’est d’ailleurs, la grande force et la magnificence de la langue française. Selon les personnes, leur nature, leur éducation, leur culture, cette forme peut prendre différentes tournures.

On pourra se payer autant d’heures de media training que l’on veut, lorsque l’on s’adresse au plus grand nombre, le mieux est de s’exprimer le plus simplement du monde.

À l’inverse, le langage fabriqué, qui fait que tous répondent sans même faire l’effort d’essayer un synonyme – non, non, je ne parle pas de la langue de bois, ce greffon pavlovien si souvent partagé – pour que les idées soient formulées à l’identique de peur d’un dérapage incontrôlé (enjeu électoral oblige), est l’outil le mieux partagé au sein d’un parti, il est aujourd’hui indiscutable que c’est justement ce même langage ronronnant qui finit par devenir improductif, voire contre-productif !

L’omniprésence des éléments de langage dans les messages politiques actuels polluent les échanges. L’overdose guette. Au point qu’il ne serait pas illogique de les comparer au langage des spameurs ! Or, on sait tous où un spam termine sa course…

La réalité est que rien ne vaut de parler vrai, sur ce qui vous anime, sur ce qui fait que vous êtes là, à vouloir convaincre votre prochain. Mais pour convaincre, il faut être soi-même convaincu par ce que l’on dit ! Plus encore, y croire totalement. La gestuelle, le ton, les mots qui habillent le message, lorsque l’on accepte d’être soi-même, ont bien plus de force qu’une leçon technique apprise en dehors de tout sentiment.

Il est en effet évident que l’on sent tout de suite, quand vous vous exprimez oralement, si vous êtes sincère, si vous êtes convaincu. Contrairement à ce que les fourbisseurs de « belles » paroles peuvent penser, il est assez aisé de discerner une parole mécanique. Les éléments de langage tels que programmés sur mesure, ôtent toute forme de sincérité au propos, et cela se ressent.

La sincérité étant la base pour transmettre une conviction, il est aisé de comprendre que, sans elle, on obtient l’effet inverse.

Maîtriser son sujet permet une spontanéité

Autre chose, le recours aux éléments de langage cache parfois une inculture, un manque de maîtrise d’un sujet, voire une absence d’idées et de solutions. On veut sauver son image ou imposer son parti et l’on pense que la forme suffit.

Mais la communication, ce n’est pas ça ! Ce n’est pas que de la pédagogie en boîte. C’est même tout le contraire. Les spin doctors auraient-il si peu de recul ou de psychologie pour ne pas comprendre que le marketing fabriqué (pléonasme), ne fait pas tout, et possède même des limites ? Est-ce qu’ils se posent la question de savoir pourquoi l’image des politiques est si dégradée ?

Je dis souvent que « la forme fait passer le fond ». Mais, premièrement, une forme trop léchée visiblement travaillée, est toujours suspicieuse, particulièrement dans la bouche d’un personnage public. Deuxièmement, même si la forme est bonne, et qu’effectivement elle arrive à ses fins, le fond reste primordial sur la durée. La valeur du message ressort lorsque ce message a du sens. Il peut alors être compris. Encore faut-il avoir du fond et des idées… Sinon, toute tentative de communication serait du vent.

Pour cela, rien ne vaut de réfléchir en profondeur à la validité et à la pertinence de ses arguments, de bien savoir de quoi on parle, d’avoir des idées et de connaître ses dossiers.

S’il n’y a pas de matière, de réflexion, de fond solide, intelligent, intéressant, logique, ouvert aux autres et porteur d’éléments propres à faire évoluer des choses en apportant une réelle nouveauté, l’image de celui qui aura diffusé le discours en question, ne durera qu’un temps.

Le but d’une communication est d’être compris(e)

Les foules attendent qu’on leur parle de manière naturelle. Elles sont (nous sommes) sensibles à la sincérité. Or, ce qu’il faut bien comprendre justement, c’est que cette sincérité transpire toujours d’un discours : tout passe dans le ton, dans le ton de conviction, dans la gestuelle… et dans la façon de dire les choses. On voit tout de suite quand une personne parle avec ses tripes. Cela ne trompe pas.

Inversement, si l’orateur répète une leçon apprise, si les mots ne sont pas les siens mais des éléments de langage bien huilés, s’il ne les a pas vraiment choisis, le récepteur du message le ressent également tout de suite. Parler avec son cœur, avec ses tripes (c’est-à-dire avec conviction), désolée, mais cela ne s’apprend pas.

Le problème avec les éléments de langage, véhiculés à travers les médias, c’est qu’ils peuvent cacher la vacuité d’un propos. De ce point de vue, la plume de Jean-Claude Guillebaud reste parmi les plus affûtées et maîtrisées pour décrire régulièrement le vide tristement sidéral de la sphère politicienne (et médiatique) qui tente de surnager dans une société devenue spectacle.

Au risque de me répéter, quels que soient les efforts que leurs représentants élus font sur la forme, qu’ils croient à ce qu’il disent ou non d’ailleurs (attention, certains peuvent être sincères au fond d’eux), rien ne vaut de parler franchement, de dire les choses telles qu’elles sont.

Par ailleurs et logiquement « ce qui se conçoit bien s’énonce clairement ».

Alors attention aux formules toutes faites, aussi éphémères qu’une médaille en chocolat au soleil ; attention aux mauvais mots dont on abuse pour recouvrir les maux de la société, au lieu d’appeler un chat un chat et prendre ses responsabilités.

Une communication qui porte ses fruits, qui séduit, passe par un message moins robotisé, que ce soit dans la forme (on respecte son auditoire) ou sur le fond (on partage du sens).
Tout le contraire de la langue de bois finalement…

Tendance : une nouvelle année couleur orchidée

ID-100198645Radiant Orchid (prononcé « orkid » évidemment).
Le code RVB exact est facile à retenir :
117
40
100
ou #752864 en html.

Ce qui produit une couleur plus proche du mauve foncé que du prune (quoique), et certainement pas du rose en tout cas. Certains y verront tout simplement un couleur de la famille du violet.

Parmi les fleurs appelées orchidées, vous en avez aussi des roses, des pourpres, des blanches, des rouges, des oranges, des jaunes, et même des vertes.

Quoi qu’il en soit, 2014 sera radiant orchid ou ne sera pas ! Foi de Pantone.

 

Pourquoi des couleurs ?

Marché, création, actualisation, production, cette coutume provient du monde de la mode et du design. À chaque saison de la mode, il faut une couleur de tissu qui prédomine et détermine les mariages de couleurs (malheureusement parfois pas très heureux).

Derrière, la société entière se met au diapason pour harmoniser le reste avec la tendance, marketing oblige. L’idée est de contribuer à faire marcher l’économie donc.

C’est ainsi que chaque année, on tire une couleur Pantone de la boîte de Pandore.

Le flop du vert de l’année dernière

Pourquoi le Pantone #009B77 n’a pas très bien marché en 2013 ?

Même si l’actrice Nathalie Baye s’y est mise très vite en étant une des premières à porter du vert émeraude (Emerald) début 2013 et en continuant tout au long de l’année, cette couleur ne fut pas forcément des plus faciles à porter par tout le monde, ni des plus attractives.

Nous avons vu aussi passer des objets qui ne pouvaient décemment pas coller dans une décoration intérieure à moins de tout repeindre, sans compter qu’en présence de plantes vertes (genre vert tendre, et non vert foncé, comme les caoutchoucs), la cacophonie visuelle pouvait vous pousser directement… aux toilettes.

Nonobstant le fait que d’autres tons de vert sont assimilés à l’écologie et que vu le sujet, cette couleur est finalement assez répandue ; je ne parle pas d’un vert émeraude (2013) mais d’un vert tige par exemple.

Il se peut également que parmi les consommateurs très à cheval sur la mode et les tendances, sachant que cette couleur annuelle est éphémère, certains n’ont tout simplement pas eu envie d’investir dans un objet dont ils n’apprécient pas la couleur habituellement.

Évidemment les années touchant à la famille du « bleu » (plutôt foncé) du « beige » ou du « gris » sont plus rentables car ce sont des valeurs sûres, qui vont avec presque tout. Une base classique d’une garde-robe chic.

Enfin, parce qu’à la télévision, le vert passe mal. Par ailleurs, quand on tourne en studio avec l’intention d’incruster ultérieurement une image en arrière-plan, le fond est souvent vert lors de l’enregistrement. Si la personne porte un vêtement vert, je plains les yeux du cameraman.

Et puis tout le monde sait que la superstition persiste dans les métiers du théâtre et du cinéma, porter du vert sur scène est toujours assimilé à un risque, la légende rapportant que Molière mourut quelques heures après sa dernière représentation (du Malade imaginaire) pour laquelle il portait un costume vert…
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Je pensais que 2014 aurait opté pour le Placid Blue, le Dazzling Blue ou carrément le Celosia Orange (trois couleurs également en lice). Voilà que l’on nous met en avant rien moins que du sirupeux, qui n’est ni du rose (beurk) ni du mauve (bien que les milieux de la mode parlent déjà de « mauve mania »), et qui devrait malheureusement définir le reste de l’année.

Peut-on passer outre ?

Si vous vous en fichez, oui !

Si vous évoluez dans des métiers visuels (design, graphisme, stylisme, décoration, communication), cela devient un peu plus difficile de se départir de ladite « mode ». Ne serait-ce que parce que les consommateurs (la cible) se jettent sur ce qu’on leur dit et que le système, produit un cercle qui se referme sur le seul but : consommer. Si les médias et la mode véhiculent une couleur édictée comme la tendance, il vaut mieux être prêt.

Mais ce choix d’un « rose » tirant sur le mauve est peut-être aussi stratégique puisque psychologiquement, cette couleur permet d’adoucir une société qui n’est pas sans tensions.
Sur le plan du design, les couleurs sont un peu comme les tendances typographiques. Voyez comme le thin a fait place les années passées à du seventies, avec le retour des pattes d’eph, par exemple :

louisianne
Même si la lisibilité en prend un coup avec certaines polices dont on abuse sans penser à l’impact visuel justement, on continue de voir partout les mêmes polices de caractère ! Du moins pour les titres. Heureusement, la très lisible Arial reste une valeur sûre (pour lire un texte long). Et pour 2014, la police « Open Sans » devrait avoir tout sa place (source).
Retour à plus de finesse donc. Ouf.

Question finesse, je déconseillerais à la gent masculine d’arborer cette couleur orchidée radiant, au risque de ressembler à un commercial VRP des années 90 auquel personne n’osait faire de remarque sur la couleur bordeaux, tirant sur le lie de vin, de sa chemise.
Enfin, chacun ses goûts évidemment…

Pour pallier cette difficulté, n’ayez crainte, le printemps prochain verra aussi le bleu ressortir à égalité, histoire d’amortir le choc visuel. Déjà, le catalogue de la Redoute (préparé il y a quelques mois), a bien intégré l’info si l’on en juge par sa couverture.

La tendance prend donc ses aises, afin de ne pas restreindre le marché potentiel à cause d’une couleur orchidée qui ne convient pas à tout le monde…

Vous avez dit communication ?

YoupiPitcher : action de faire un pitch. Le mot anglais « pitch » a plusieurs définitions. Celle qui nous intéresse : « résumé très court d’un scénario, destiné à convaincre en quelques mots. »

Pitch, en anglais, vient du latin pix (pixel). Par extension, ce terme est employé familièrement pour toute présentation courte d’un projet. Le but est donc de bien communiquer pour réussir son pitch

Or, cette semaine, je découvre un billet vantant les mérites de présentations, parlant de « leçon de communication ».
Je vous invite à le lire avant de continuer.

 

Des évidences, mais…

Au point 3 de l’article, on peut lire : « Oubliez-vous, pensez surtout aux gens dans la salle. Pensez que ce sont des amis, des enfants de maternelle : ils ne sont pas là pour vous juger, ils sont en récré et ils sont gentils. » (Sic)

« Oubliez-vous » : certes, l’empathie demande de penser à ceux auxquels on s’adresse, mais attention de s’oublier totalement. Il s’agit au contraire d’être en éveil, bien conscient d’être ici et maintenant, et de penser à ce que l’on fait. Être à la fois naturel (c’est bien d’être en effet passionné), mais aussi maîtrisé (on a préparé), on se contrôle un minimum.

Même si prendre la parole en public peut ressembler à une scène, assimilant votre intervention à une forme de show, il y a quand même une différence. L’enjeu n’est pas le même !

En effet, un public a payé pour voir un humoriste sur scène, ce dernier vous distrait, si vous repartez déçu, c’est dommage mais ce n’est pas grave, l’artiste touchera quand même son cachet issu de la recette…

En revanche, un entrepreneur qui présente son projet a bien plus d’enjeux à la clé ! Et que ce soit l’humoriste ou le pitcher d’un jour, rien ne s’improvise. Penser en effet au public, mais sans perdre le fil de sa présentation, en faisant en sorte de toujours revenir au cœur du projet.

« De maternelle » : hum, pas très sympa de considérer son auditoire comme des bébés. C’est à égalité que vous vous adressez à des personnes, qui ont quand même un vécu, un parcours, une histoire, et que vous devez respecter.

« En récré et gentils » : a priori, on n’est pas dans une cour d’école. Le public est plutôt en attente d’information, souhaitant découvrir quelque chose de nouveau, histoire de ne pas avoir perdu son temps.

« Pas là pour vous juger » : à la fin, ce sont quand même eux qui jugent de la qualité du projet présenté. Et l’on sait très bien que la nature humaine est ainsi faite qu’elle peut rarement s’empêcher de juger.

équilbreQuestion d’équilibre…

En réalité, je suis d’accord sur pas mal de points évoqués dans cet article. L’auteur l’a écrit sous le coup de l’enthousiasme, séduit par une présentation. Nous sommes d’accord qu’une prise de parole en public est un exercice périlleux.

Et la quasi-totalité des points évoqués dans l’article cité sont de bons conseils. Néanmoins…

 

« Je réalise que je ne retiens pas vraiment ce qu’ils disent »

L’auteur de l’article nous dit aussi qu’il ne retient rien du fond Or, ce fond n’est-il pas l’essentiel ? Ainsi, il est reparti sans savoir ce qui a été dit ? C’est tout de même un peu embêtant. L’impression qu’il a eue de ces intervenants est positive, c’est déjà pas mal. (Entre nous, c’est la moindre des choses d’être enthousiaste quand on est jeune).

Mais s’il est incapable de savoir de quoi il retourne, je ne vois pas en quoi on peut parler d’une « leçon de communication »…

La forme doit faire passer le fond

Séduit par la présentation certes, mais celle-ci n’était peut-être pas si adaptée… Car la séduction a été telle, qu’elle a créé une sorte d’hypnose, occultant totalement la nature du propos. Or le but de ces pitches (comme celui de tout pitch bien mené) est quand même de présenter sa start-up, de faire passer des informations… et pas uniquement des impressions.

L’auteur de l’article aurait pu éventuellement parler de leçon de présentation orale ou de séduction. Mais au final ? Si vous n’avez pas retenu ce qui s’est dit… en quoi cette communication est-elle vraiment réussie ?

Un pitch n’est pas qu’une présentation où tout le monde sourit. C’est aussi une démonstration qui doit séduire sur trois plans : le fond, la forme et la présentation.

Trouver l’équilibre demande que l’on ait préparé à fond son intervention, mais surtout que l’on connaisse bien son projet. Faire le clown, être passionné, c’est très bien, mais en sortant de la salle, si le public est incapable de résumer le projet et repart uniquement avec des sensations, ce n’est pas le meilleur résultat que l’on puisse espérer.

Être séduit par l’intervenant est une chose, être séduit par le projet de celui-ci en est une autre. Or l’intervenant est le vecteur de son projet : c’est son projet qu’il « vend » et non pas lui-même. Pour bien transmettre une information, certes, il faut séduire. Jusque-là, nous sommes d’accord.

Mais toute la subtilité réside dans la façon de séduire de manière à faire imprimer l’information. II s’agit de relier les deux.

Pour faire passer le fond, la présentation doit être complémentaire de la forme ! Aucun de ces deux paramètres ne doit prendre le pas sur l’autre. C’est vraiment une question d’équilibre !

Ce n’est pas parce que vous portez une belle cravate jaune à pois rouge que cela aidera. Au contraire. Bien sûr, il faut être soigné, et surtout sobre et neutre : toute ostentation ou couleurs attirant le regard, déconcentrent le public qui, focalisé sur une couleur, écoutera moins bien.

Là-dessus, il est évident que le pull noir de Steve Jobs permettait de se focaliser sur la présentation et non sur le bonhomme.

Ensuite, il y a la façon de dire les choses…

  • Le choix des mots, au bon moment.
  • Le fait de répéter exprès, en appuyant (lentement).
  • Le ton utilisé pour telle ou telle phrase ou information (chiffre par exemple).
  • Le fait aussi de placer quelques silences (en regardant son public dans les yeux).
  • Ne jamais prendre l’auditoire pour moins intelligent qu’il n’est ; au contraire, élever le débat.
  • Établir une connivence maîtrisée.
  • Parler à la fois avec le cœur ET la raison (ah ! ça se corse, comme dirait Napoléon).

Il serait trop long de détailler le sujet ici… Mais sachez que quelle que soit la préparation que vous faites avant de pitcher, votre nature et votre personnalité joueront pour beaucoup. Si vous êtes doté d’un minimum de psychologie et de diplomatie, cela ne peut qu’aider.
Enfin, aimer les autres et s’aimer soi-même (estime de soi = confiance en soi) : la cerise sur le gâteau.

Quoi qu’il en soit, c’est votre projet qui compte. Quelle que soit la couleur de votre chemise, si vous connaissez bien votre « bébé », que vous l’aimez, que vous y croyez, cela se ressent, y compris dans les arguments qui le portent.

Le premier objectif est que l’auditoire reparte avec la conviction que votre projet est génial. Il faut donc bien qu’il en ait retenu quelque chose !