Télévision via Internet : la nouvelle donne
1 Français sur 2 regarde des directs en ligne.
(Source RTL du 2 octobre 14.)
Cette information est étonnante, je pensais que c’était plus répandu. Pour ma part, il y a plusieurs années que je n’ai plus de télévision, celle en forme de poste uniquement dédié à la transmission de programmes de chaînes… tout comme cela fait plus de quinze ans que je ne lis quasiment plus de journaux imprimés, plus du tout de quotidiens papier.
Concernant la diffusion d’un programme audiovisuel, quel qu’il soit, l’évolution majeure de ces deux dernières décennies, dans le développement d’Internet, est la possibilité de gérer son temps d’écoute et son moment de visionnage. Les plus jeunes, les tous derniers-nés, trouvent cela normal. Mais en réalité, les replay et autres podcast, ont libéré la gestion de notre temps.
Me cultiver ou me divertir quand je veux
Choisir de gérer son temps de distraction ou d’information change réellement la donne. On se sent moins pieds et poings liés. On programme, on met de côté pour plus tard, on peut rattraper des épisodes ou émissions. Bref, une approche qui nous rend plus autonomes et peut-être moins stressés. (Je dis « peut-être ».)
La « socialTV » au diapason
Autre phénomène que les réseaux sociaux ont bien compris en se positionnant sur ce secteur et en passant contrat avec des chaînes, publiques ou privées : comme on peut le constater principalement en soirée, via les TT sur Twitter, la moitié des sujets se rapporte à un programme télé, commenté par des personnes s’exprimant sur les réseaux au même moment.
La social TV s’étend et le nombre d’émissions proposant un lien avec un hashtag est devenu la norme. Devant son écran, le spectateur est moins passif. Il devient acteur et cela lui plaît.
En tout cas, pour les programmes télé, c’est une nouvelle donne incontournable. Les films n’y coupent pas.
Toutes les formes d’émotion, les critiques, les avis, le partage, bref, le besoin de dire, si profondément ancré chez l’être humain, fait que les timelines se mettent à chauffer lors d’une « communion » en direct.
Ce phénomène suppose qu’un groupe conséquent d’individus regardent en même temps ces programmes, donc en dehors de toute liberté de choix de visionnage.
En le regardant ultérieurement, en replay, on peut bien sûr en parler sur son réseau et même avec un hashtag, mais la portée n’est évidemment plus la même.
La « socialTV » est totalement liée au direct. Son impact est plus grand puisque le public est plus nombreux.
D’où la question de son avenir d’ailleurs, considérant que de plus en plus de gens décident de leur planning et choisissent leurs heures de visionnage.
C’est le point central de ce sujet sur la gestion du temps. Je ne parle évidemment pas des grands événements qui peuvent intéresser certains, comme un match de football important, etc. De nouveaux enjeux publicitaires sont d’ailleurs au cœur de la social TV.
Le direct, le différé, le replay, la vod – sans parler de l’arrivée de plates-formes comme Netflix… – a poussé les acteurs de l’audiovisuel à rebattre les cartes. Tout comme les acteurs de la e-publicité, ont dû revoir leur façon de faire, à l’arrivée des supports numériques, notamment via la technique du transmédia.
Les dangers de la social TV pour les chaînes
Mais justement, si elle peut être sympa pour les Twittos, cette pratique de la social TV se révèle aussi très dangereuse pour les producteurs. Le téléspectateur fait en effet de plus en plus la pluie et le beau temps…
Aujourd’hui, il n’est plus rare qu’un animateur se voit recadré par sa hiérarchie, par exemple sur son comportement, après avoir engendré un bad buzz sur les réseaux. La mauvaise impression est dite, lue, partagée en un rien de temps, et elle ne pardonne pas.
Des émissions à qui l’on offrait au moins un trimestre pour trouver leur place, il y a encore quelques années, peuvent disparaître de la grille de programmation en moins de temps qu’il n’en faut à un chat pour manger sa pâtée !
Mais la social TV est-elle adaptée aux web tv ? Des « chaînes » de télé sur le Web se sont en effet installées depuis longtemps et gagnent peu à peu du terrain. Voici d’ailleurs une liste de webtv.
L’autre temps des web-séries
À noter qu’un autre phénomène vit un essor important : celui des web-séries. Celles-ci existent pourtant déjà depuis vingt ans.
C’est récemment qu’elles ont acquis leur titre de noblesse, notamment grâce à Noob qui a connu un succès certain. Ou encore Typique , bien apprécié des internautes belges. Les web-séries explosent et c’est tant mieux pour la création. Les fans ont leur préféré. Et il y en a aujourd’hui pour tous les goûts. Sans parler des inconditionnels d’animations japonaises que l’on peut facilement suivre sur des plates-formes comme Wakanim par exemple.
Des articles traitent régulièrement du sujet : ce 10 octobre, on peut encore lire » ces webséries que je vous cache « . C’est loin d’être un épiphénomène et les créations des chaînes de télé « classiques » savent qu’elles ont du mouron à se faire.
D’ailleurs, pour illustrer les approches différentes dont le but est de capter l’attention du téléspectateur-internaute, voici une variante de la célèbre émission d’Antoine de Maximy « J’irai dormir chez vous », longtemps diffusée sur France 5 : avec des notions de proximité et d’interaction, les émissions cherchent, semble-t-il à s’aligner pour être sur Internet. Le temps de la télé à papa est bien fini, on vous dit.
Quoi qu’il en soit, avec Internet, le choix est bien là, de regarder ce que l’on veut, où l’on veut et surtout quand on veut ! D’où la contradiction d’Internet : à la fois fil à la patte et à l’origine d’une certaine liberté de choix, quant à sa propre gestion du temps…